Ceci n’est pas un point (final) .
Ce n’est pas nom plus une mise au point qu’elle soit photographique ou philosophique.
Ce serait plutôt faire le point, se poser, se retourner, diagnostiquer et envisager l’avenir, chercher et trouver son chemin.
Une série de petites choses glanées ici ou là me conduisent à envisager les choses d’une manière un peu différente. J’espère ne pas être trop long, mais j’ai éprouvé le besoin de poser ces mots pour pouvoir avancer.
Reprenons dans l’ordre, trois ans de pratique photo pour apprendre un peu la technique, savoir comment utiliser l’appareil, maîtriser les paramètres pour faire une photo satisfaisante.
Apprentissage du post traitement, utilisation de lightroom (merci Laurent Breillat pour ses cours).
Parallèlement bien qu’ayant toujours été sensible aux différents modes d’expression artistique (peinture, littérature, musique, etc…) mes connaissances de l’art et de l’histoire de la photographie étaient parcellaires et incomplètes et même plus.
Après quelques livres [ref] Maurice Depardon : « Errances », « Paris Journal » Eric Forey : « Serial Photographer », Willy Ronis : « Ce jour-là », Muséum Ludwig Cologne : « La photographie du 20e siècle », Jean Christophe Béchet Pauline Kasprzak « Petite philosophie pratique de la prise de vue » [/ref] , expositions [ref] Henri Cartier-Bresson, Tom Arndt, la Collection Walther, Garry Winogrand, André Kertesz, Agnès Varda, Francesca Woodman, Louis Stettner, Herb Ritts, Emile Savitry, Louis Faurer, Araki, Christine Spengler, Sabine Weiss, Patrick Zachmann, Harry Gruyaert, Gérard Rondeau, Martin Parr, Françoise Huguier, [/ref] , vidéo [ref] A la recherche de Vivian Maier, Les grands courants photographiques Stan Neumann [/ref] sans compter les blogs et sites internet, et l’excellent magazine Polka, j’ai maintenant une vision un peu plus grande de l’art photographique.
Le site « social » Internet que je fréquente régulièrement c’est flickr ; au départ je me suis inscrit dans le cadre de la formation de Laurent Breillat pour que les photos lui soient visibles dans le cadre des cours et des questions réponses, puis au fur et à mesure de ma production, j’ai fait connaissance de différents photographes très sympathiques et cela a permis des échanges intéressants sur nos photos. J’en ai même rencontré certain(e)s physiquement grâce à ce site.
En s’inscrivant dans des groupes j’ai également découvert des photographes de grand talent artistique et des thématiques intéressantes notamment le groupe série limitée qui m’a ouvert une porte, mais j’y reviens plus loin.
Sur ce site et comme tous ceux de ce genre quand on regarde la page d’accueil, un certain type de photographies est mis en avant, plaire au plus grand nombre, faire joli, ne pas choquer, ne pas surprendre le consensus mou quoi ! L’exact opposé de ce qui m’intéresse finalement j’y reviens aussi plus loin.
Durant ces trois ans j’ai donc vu des milliers de photos, du chef d’œuvre à la photo de la petite dernière (elle est néanmoins adorable la petite), j’ai construit une approche personnelle de ce qui me touche, de ce que je trouve intéressant, de qui m’émeut, de ce qui m’indiffère.
Mais internet c’est aussi des découvertes de photographes inconnus et talentueux et l’inverse médiocre et connus, de site de photos à l’infini, de blog techniques, des groupes, des lieux d’expo bref de quoi se perdre et se noyer. Mais aussi se forger un gout plus sûr de ce que l’on aime ou pas.
Vivant dans un environnement urbain au quotidien, les photos que j’ai prises racontent un peu de mes humeurs, de mes points de vue, de mes centres d’intérêt, de mes découvertes.
Et maintenant après avoir évoqué sur ce blog mes différentes pratiques de rues, des expos coup de cœur, des endroits de Paris étonnant et peu connus que vais-je faire ?
Lors d’une de mes rencontres avec un photographe flick r nous discutions photo bien sur et il m’a fait remarquer que Laurent Breillat avait un talent pédagogique évident et brillant, mais que ses « photos n’étaient pas terribles ». Je ne m’étais à vrai dire pas poser la question en regardant certaines et notamment dans le cadre de la formation, car on était lui comme formateur et moi comme élève dans une approche plus technique qu’artistique, plus le nez dans le guidon que la tête haute et le regard porté au loin (trop lyrique ça! on se calme).
Et puis récemment, je pense après avoir épuisé un certain nombre de sujets techniques et généraux sur la photo dans son blog Apprendre la Photo, il produit maintenant sur youtube des vidéos chaque semaine sur un thème donné. Allez voir il y a des choses intéressantes. Je suis finalement assez en phase avec ses positions et une vidéo a plus particulièrement retenu mon attention, celle où il déclare qu’il arrête les photos de paysage, c’est ici.
Il se pose un peu les mêmes questions que j’aborde ici, et notamment essayer d’avoir une approche plus réfléchi, de sortir des cadres un peu convenu, de transmettre des émotions plus personnelles, de ne pas se répéter.
Début octobre il a organisé une rencontre à Paris et il a présenté ce qu’il a mis sur Youtube visible ici sur un travail fait à Venise ; quelque chose de différent, un travail de série sur des personnes dans des gondoles. Le livre d’Eric Forey m’avait également intéressé dans sa démarche sur son travail de série.
J’avais également dans un coin de ma tête des idées de séries. J’en avais réalisé une que je trouve pas trop mal sur les chariots de commissions et dernièrement les sacs à main.
Cette démarche sérielle va maintenant avoir une priorité et une structure plus solide dans mes photos.
Je suis aussi tombé sur le site d’un photographe « philosophe » Thomas Hammoudi, dont les articles de très belle tenue m’ont vivement intéressé. Je vous le conseille vivement c’est très intelligent.
Autant dire qu’à ce stade son concept IRECO :
Intention, Réalisation, Expérimentation, Cohérence, Originalité a fini de me convaincre de réfléchir un peu plus sur mes intentions.
Cette démarche « intellectuelle » va constituer le squelette de la substance. Un squelette absolument nécessaire pour que l’ensemble tienne debout.
- En suivant cette démarche de manière plus ordonnée, je retrouve des choses que j’avais commencé de manière instinctive qui méritent plus d’ordre et de méthode.
Étant toute la semaine dans Paris entre le bureau et les déplacements, plus rarement en banlieue ce sont ces endroits qui constituent mon décor photographique.
Mes séries montreront les différentes facettes de la ville, ses habitants, son environnement, sa sociologie, sa complexité, sa beauté… Chacune se focalisera sur un aspect de l’urbain.
Elles constitueront mes Chroniques Urbaines .
Et dans le blog il y aura aussi des histoires racontées en photos ou l’inverse.
Et encore des découvertes de lieux parisiens étonnants et/ou méconnus.
J’espère que je ne vous ai pas perdu en route. Bon vent aussi à vous.
esther FR
Quand j’ai lu le titre, j’ai eu un moment de doute, puis j’ai été rassurée, ce n’est pas un point final, mais un point d’étape. J’aurais pu écrire, cet article, toutes ces idées me traversent aussi l’esprit, ce n’est pas très étonnant… finalement, ça m’a fait du bien de le lire, au moment où je m’interroge sur ma propre motivation, après 3 ou 4 ans de pratique photo.
J’essaie de chercher quelque chose qui continue à m’intéresser et ce n’est pas gagné (si ça intéresse les autres, c’est bien aussi, mais ça ne suffit pas).
Quand j’ai découvert le blog de Thomas Hammoudi il y a quelques mois, j’ai du y rester plusieurs heures à lire une grande partie de ses articles, et je confirme, c’est intéressant, très. Ce n’est pas consensuel, j’ai parfois envie de le contredire, mais ça fait réfléchir, et c’est tant mieux.
La vidéo de Laurent Breillat sur « j’arrête les photos de paysage », je l’ai appréciée et partagée avec plaisir, c’était pile poil ce que je ressentais (paysage ET couchers de soleils !)
Concernant les photos qui illustrent cet article, j’adore salle des pas perdus, recherche, et ya pas le feu. Et le coucher de soleil n’est pas mal non plus ! C’est juste que ça marche à tout les coups, comme les photos de chat !!
Dans le genre, j’ai bien aimé celle de Kitchou, qui d’ailleurs est un lever de soleil !
https://www.flickr.com/photos/kitchou/30202403744/
J’attends donc avec plaisir tes chroniques urbaines (entre nous, tu fais comme M. Jourdain, de la prose sans le savoir, depuis un moment déjà 😉 )
Merci pour ces réflexions. It makes my day, comme dirait nos amis anglophones…
Amor
En posant des mots on arrive à un peu mieux ordonner son cheminement. L’essentiel c’est de croire intimement à ce que l’on fait.
Depardon j’ai lu errance collection point une sorte de combinaison d’un voyage intérieur et du vrai voyage. Avec des photos qui m’ont fascinées
alors qu’il n’y a rien dessus si ce n’est un cadre vertical avec des lieux dedans. Depuis que je l’ai lu j’ai entamé une série de photo dans ce genre.
J’avais vu son film Urgences il y a bien longtemps, c’était très novateur et puissant. Par la suite j’avais vu son travail dans un asile en Italie
et un reportage dans la ferme du Garet la ferme de ses parents. Ses photos me touchent, je ne saurais vraiment expliquer pourquoi.
It makes my day j’aime bien.
esther FR
P.S. Merci pour le bon spot 🙂
thomashammoudi
Hey!
Merci de m’avoir lu et d’avoir pensé à parler de mon travail.
Au plaisir de se recroiser dans les méandres du Web 2.0.
Bonne journée !
Amor
Bonjour Thomas.
C’est la moindre des choses que de citer ses sources et ses influences.
Merci pour ta visite.
thomashammoudi
Influence! Carrément. Wahoo haha.
Pascal
Amor,
Très intéressant cet article.
après quelques années de pratiques, j’en suis également là. Après ma rencontre avec Fabrice Milochau cet été en Auvergne avec qui j’ai pu longuement discuter et partager, je me suis posé certaines questions: qu’est-ce que je souhaitais vraiment faire. Et l’idée d’un travail plus personnel m’est venue. Je me suis d’ailleurs déjà mis à l’ouvrage. Je ne dirai pas comme Laurent Breillat que j’arrête le paysage mais je vais juste tenter d’avoir une approche plus différente.
Donc j’attends avec impatience de voir ces Chroniques Urbaines qui seront à n’en pas douter très intéressantes et pleines d’émotions.
Voilà voilà
Bonne soirée.
Amor
Merci Pascal.
C’est effectivement la question principale suivre sa voie, son inspiration personnelle, exprimer ses émotions. L’histoire de ne plus faire de paysage est prise dans un sens générique où tout le monde fait son paysage, la photo satisfaisante, souvenir en quelque sorte. Elles sont tellement nombreuses qu’elles sont interchangeables. Et effectivement c’est très difficile de sortir du nombre et exprimer vraiment ses sensations et son style. Mais c’est valable pour les photos urbaines de rue ou d’architecture, en macro etc…
Bonne soirée.
BENASSI
Amor, quel parcours en temps qu’amateur ! Bravo pour ton travail passionné et passionnant ! Merci pour ton témoignage !
Amor
Merci Yannick pour ta visite et ton commentaire.
Toi aussi tu m’étonnes par ta diversité de photos souvent inattendues.
Anne LANDOIS-FAVRET
Alors comme Esther, j’ai eu un peu peur en lisant le titre ! :p
Il faut toujours se remettre en question, et effectivement, au bout de quelques années de pratique, on se pose des questions, on essaye de se recentrer, des fois on part dans tous les sens, de mieux comprendre ce qu’on aime faire, et plus se « spécialiser », faire des séries, partir sur des séries plus personnelles.
Vivement tes Chroniques Urbaines alors !
Lounamai
Comme tu l’annonces en début d’article « poser ses mots pour avancer », c’est effectivement nécessaire … Savoir où on en est et où on va, faire un bilan et préparer l’avenir … C’est valable pour tous les aspects de la vie, à plusieurs étapes, mais peut-être encore plus pour une pratique artistique car il faut se renouveler, booster sa créativité et sans cesse s’améliorer.
Tu as trouvé dans cet article les mots justes qui font écho en moi car ils expriment complètement mon point de vue.
Et merci pour le lien vers le blog de Thomas Hammoudi et ce concept IRECO qui résume tout !
Amor
Merci Delphine.
Tu as bien résumé, il faut se poser et descendre du train, on est tellement soumis à un environnement confus et multiple, tant de médias nous entourent, que la confusion et la précipitation nous guettent.