Un titre qu’aurait pu choisir Léo Malet pour ses mystères de Paris,
avec une intrigue autour de la Bastille et des eaux troubles du port de l’Arsenal. Mais Louis Ferdinand Céline avait déjà écrit son fabuleux roman « Mort à crédit ». Ce lieu est très cinématographique et aurait pu figurer dans des films de Melville. Une station de Métro semi enterrée franchissant le canal, des passages, des escaliers.
En quittant les bords de Seine à hauteur du quai de la Rapée et de l’Institut médico légal (là où atterrissent les défunts homicidés) se situe l’embouchure du canal Saint Martin, les quais aimables du fleuve s’évanouissent et on pénètre dans un entre-lac de pont, de tunnel, d’eau qui se pose là.
En effet à cette endroit, la voie sur berge, le boulevard Morland et la ligne 5 du métro passe au dessus de l’écluse du canal. Un lieu a visiter de nuit pour un voyage jusqu’au bout.
Il existe même dans ce périmètre la station Arsenal, ne la cherchez pas sur un plan c’est une des fameuses stations fantômes du métro.
De jour et par beau temps l’endroit peut être qualifié d’aimable et photogénique. Quelques présences humaines animent les lieux.
On quitte cet univers pour aller vers le port et ses couleurs par un passage agrémenté d’une œuvre de Georges Rousse représentant l’étoile polaire. Sur le côté on indique les niveaux de crue de la Seine, la fameuse record (8,62m) en 1910 tout en haut.
Le Canal Saint Martin surgissant de dessous la Bastille se termine par un bassin abritant le port de plaisance. Ce bassin était à l’origine un fossé défensif de l’enceinte de Charles V au XIVème siècle. Par la suite les douves de la fameuse forteresse de la Bastille disparurent puis lors du percement du Canal Saint Martin un port de marchandises fut creusé puis transformé dans les années 80 en port de plaisance.
Le canal Saint-Martin, construit entre 1822 et 1825, a permit de réduire le trajet entre la Seine du quai Henri IV à l’île Saint-Denis en passant sous la place de la Bastille et en traversant Paris vers le nord-est.
Il permettait aussi à cette époque une alimentation de Paris en eau potable.
La promenade se termine sur quelques phrases de Céline l’auteur de Mort à crédit :
Plus au fond encore, c’est toujours la Seine à circuler comme un grand glaire en zigzag d’un pont à l’autre.
Mon tourment à moi c’est le sommeil. Si j’avais bien dormi toujours j’aurais jamais écrit une ligne.
La peine en ce temps-là on en parlait pas. C’est en somme que beaucoup plus tard qu’on a commencé à se rendre compte que c’était chiant d’être travailleur. On avait seulement des indices.
esther fr
Une balade fort instructive, et littéraire ! beaux premiers noirs et blancs, particulièrement « d’un pont à l’autre », avec ces lignes (d’actualité, chez moi aussi : https://estherfr17.wordpress.com/2015/03/22/des-lignes-des-cadres-des-courbes/) et ses deux fois deux silhouettes dans la lumière.
ça continue avec les courbes et les reflets, celle des crues est excellente..
Et le top du top je trouve avec ce dormeur « mort à crédit » ! les deux sont bonnes, avec le titre du bouquin en évidence. Tu vas cartonner avec le thème « insolite » du PPL !!
Amor
Merci Esther.
J’étais parti pour faire une petite promenade sur le bassin. Toutes ces lignes difficiles à apprivoiser m’ont un peu pris la tête.
Il faisait chaud et une sieste sous un livre de mon auteur préféré, j’avais quelque chose à raconter (il aurait pu lire voyage au bout de la nuit ça collait aussi).
L’insolite est souvent au coin de la rue.
Delphine
Jolie ballade ! Jusqu’à la fin et les mots de Céline si bien illustrés
Amor
Merci Delphine
Anne LANDOIS-FAVRET
De belles photos avec des commentaires très instructifs ! Cette étoile anamorphique, il fallait la voir, bravo ! Je suis même allée faire un tour sur le lien des stations fantômes, c’est passionnant, en tout cas, moi j’aime beaucoup l’histoire du métro parisien ! Mes photos préférées de ta série sont « la râpée par en-dessous », « d’un pont à l’autre » et « nous voici encore seuls » !
Amor
Merci Anne.
Moi aussi le métro me passionne. Ces stations fantômes c’est très mystérieux, elles sont là sans l’être baignant dans leur jus d’origine.
LaFilleDeLaSardine
Un fil bien conduit ! Réel plaisir des yeux. Entre lecture et images, j’ai virtuellement mis mes pas dans les tiens et n’attends plus qu’un prochain séjour parisien pour que balade en ces lieux se concrétise !
Amor
Un grand merci. Ce n’est que notre petit port à nous, dense et ramassé. Il a son charme.