Noir et blanc ou couleur. Les deux mon général.
La technologie numérique a libéré le photographe du choix de sa pellicule avant la prise de vue. A moins de partir avec deux boitiers le photographe argentique devait faire un choix à priori, maintenant notre choix se fait à postériori au post-traitement.
Même si on peut penser que dans certains cas on va effectuer une sortie photo couleur (je vais au cirque, je cherche du mobilier urbain jaune…) ou noir et blanc (je vais dans les catacombes brrr…), ce n’est jamais le cas dans mes photos de rue. Les deux types de photos seront au rendez-vous.
A mes débuts, tel un innocent avec son nouveau jouet, occupé par les réglages, les boutons de mon FUJI X E1, les situations à capturer, le stress de la prise de vue ces considérations de noir et blanc ne m’effleuraient même pas l’esprit.
Mes premières photos de rue étaient en couleur en sortant de l’appareil et le demeuraient après.
Deux « vieilles photos » de février 2014.
Peu de temps après cependant, la question s’est posée je l’ai réglé de manière pragmatique sans trop me poser de question,
Ici le noir et blanc va bien, il souligne des lignes, des ombres ou un graphisme, des contrastes forts. Ma première noir et blanc :
Dorénavant je choisis le noir et blanc de manière plus instinctive Le noir et blanc ici isole le sujet et le mettre en valeur.
Sur d’autres photos la couleur est signifiante, elle donne directement du sens. Ici cette boutique rouge avec son vendeur à l’unisson et ces éléments verts, là un parapluie ou encore une fresque :
Des hommes haut en couleurs :
Une photo sans intérêt sans couleur :
La plupart du temps au post-traitement, le choix s’impose rapidement selon les teintes, la lumière, les ombres ou si un élément coloré est perturbateur.
Ici (un sourire causé par un défilé de Krishna) un fond rouge lumineux dans la boutique a été l’élément déterminant du choix du noir et blanc :
Mais peut-on ou doit-on anticiper à la prise de vue dans des environnements urbains « riches » si on fera un noir et blanc ou pas ? Pour moi de manière générale non.
En photo de rue, à la prise de vue l’œil envoie au cerveau la totalité de l’image ; mais en fait « l’esprit du photographe » ne va se focaliser que sur certains éléments, il ne dispose pas de temps pour envisager le reste. Il ne va voir qu’une partie. Si en plus on doit s’occuper des teintes de couleur, « l’instant idéal » est passé.
On n’est pas devant le Mont Saint Michel à peaufiner le cadrage. Ici dans un endroit hyper fréquenté un cadrage court sur tête.
Dans certains cas des éléments perturbateurs vont s’inviter. Quelquefois un léger recadrage suffit à enlever un morceau de voiture dans un coin ou un bout de poubelle. Ici un bras a été escamoté à gauche.
Mais quand on a un beau panneau sens interdit bien rouge et bien centré, la solution passe par le noir et blanc. Pour moi pas question « d’effacer » des éléments indésirables. Ici une publicité un peu trop présente en arrière plan.
Il existe aussi des photos qui fonctionnent aussi bien en noir et blanc qu’en couleur.
Pas simple que fait-on ?
Des fois je n’arrive pas à trancher, avez-vous un avis ?
Et que font les autres photographes ? A suivre…
Esther
Bonsoir Amor
Je me suis régalée à lire ton article. On ne peut pas toujours avoir à l’esprit lors d’une sortie photo ce que l’on va trouver, même si l’on est en quête d’un mobilier urbain jaune 😉
J’ai eu à peu près la même démarche, et avec l’habitude, on « sent » plus ou moins si une photo sera plus intéressante en couleur ou en noir et blanc. Par rapport à l’argentique, on est quand même privilégié..
Puis, devant l’écran, on hésite entre la couleur ou le noir et blanc, car les deux versions donnent des résultats et des ambiances différentes, tout dépend ce qu’on veut faire passer… Les galeries : en couleur, l’association des teintes or de la galerie avec la chevelure dorée de la fille, en noir et blanc, priorité aux formes graphiques de la coupole qui entoure cette jolie fille. Une petite préférence pour cette dernière.
Comme tu le dis, en photo de rue, on n’a pas de temps de réfléchir à tout ça, surtout en mode « chasseur ». L’inverse de la pose longue en quelque sorte 😉
Tu as bien choisi tes photos pour illustrer cet article, et pour la plupart, la question ne se pose pas. J’adore « illuminé », superbes contrastes. Les trois glaces, pourquoi pas en noir et blanc, ça pourrait le faire aussi (la couleur fait qu’on ne voit pas tout de suite les glaces).
Prince de la Bastille, tu me la prêtes ?!!
Passés à l’orange arrive à concilier deux couleurs complémentaires et du graphique, impeccable.
PS Tes photos apparaissent par défaut en petit format, il faut les ouvrir systématiquement,
n’est-il pas possible d’en mettre certaines directement en plus grand format ? On les voit défiler dans le diaporama, ce n’est pas très gênant, mais du coup je perds un peu le fil de l’article. ça doit être ma mémoire de poisson rouge 😉
Amor
Bonjour Esther.
Merci. Tu as raison avec un peu de « bouteille » on sent un peu la tendance, mais pas toujours.
Dans le prochain article une photo dont je pensais que le noir et blanc s’imposait à 100% et puis bah non.
Et ensuite des photos qui marchent deux fois comme les galeries, je l’avais soumis à Laurent pendant la formation et il avait hésité lui aussi.
C’est l’intention photographique qui compte mais elle pourra s’intégrer dans une série couleur comme dans une série N&B.
Je vais réfléchir à ta remarque (judicieuse) sur la présentation des photos suivant qu’il y a du texte explicatif sur la photo ou non.
Anne LANDOIS-FAVRET
Ah grande question ! Personnellement, je pars rarement avec une idée très précise quand je le balade au hasard, je sais à peu près ce que j’aimerai prendre, mais de là à savoir si ça va être en couleurs ou en noir et blanc, il y a un monde. Il y a parfois quelques sujets très graphiques qui semblent s’imposer de suite quand on les voit, mais quand il y a des personnes ou plusieurs éléments, on n’a pas toujours la chance de « voir » en noir et blanc, se rendre compte n’est pas toujours pas facile. Autant les contrastes entre clair et foncé se voient assez facilement, autant ce que vont donner certaines couleurs avec certains fonds ou certaines ambiance n’est pas toujours aisé. Quand je prends des photos, il y en a quelques unes dont je sais à l’avance ce que je veux en faire, mais ce n’est pas la majorité et c’est au post-traitement (et à froid) que je peux mieux me rendre compte du potentiel couleurs ou noir et blanc d’une photo. Parfois on fait même des tests « à la légère » et on est des fois surpris !
Ta photo des galeries est bien dans les 2 c’est clair, je ne saurai choisir …
Amor
Bonjour Anne;
Tout a fait sur la même longueur d’onde que toi. A part être atteint d’une maladie rare de l’œil (achromatopsie) on est dans un monde de couleurs dans la vie. C’est quand même la technologie photographique d’origine qui inventé le N&B bien qu’il existait depuis longtemps des gravures monochromes. Mais dès qu’ils ont pu les photographes ont cherché à coloriser leurs images.
Tes photos montrent bien que ton choix est fait en fonction de chacune des prises de vues.
Luc
Couleur ou noir et blanc (mais on devrait dire « niveau de gris » 😉 )?
Bonne question!
De mon côté, je ne photographie jamais en noir et blanc.
Comme tu le soulignes, des photos fonctionnent dans deux cas, je préfère donc faire le choix lors du traitement.
Par ailleurs, il m’arrive parfois de savoir à la prise de vue si la photo sera en couleur ou non. Quand j’ai la chance de pouvoir réfléchir avant ou que je sais d’avance ce que je veux protographier.
Pour une bonne partie de mes photos, la question ne se pose pas longtemps, une fois la photo dans la boite, je réfléchis déjà au traitement qui va suivre.
J’ai lu plus haut que tu n’effaçais rien de tes photos. Alors nous sommes bien opposés sur ce sujet. Je vais dire que 50% (en gros) de mes photos sont retouchées pour supprimer un élément. Je vais d’ailleurs faire bientôt, une série de billets sur mes photos avant et après. Tu pourras alors apprécier ou pas…
Pour la « galerie » je serai plus pour le noir et blanc : plus sobre et trop de doré dans celle en couleur.
PS : comme Esther, je pense que tu y gagnerais à changer la taille des tes photos.
À moins que le texte soit, pour toi, une priorité!
Bonne semaine.
Amor
Bonsoir Luc.
Tes remarques sont très judicieuses le choix du traitement apparait la plupart du temps rapidement, la photo « les galeries » c’est plutôt un contre exemple (très doré effectivement les Galeries Lafayette).
Je vais changer les formats des vignettes photos (c’était plus pour un problème technique au début que j’avais pris cette option).
Tu as raison on devrait « noir, blanc et des gris ».
Sur la retouche chacun sa philosophie (je n’ai rien contre) ; de toutes façons quand on regarde une photo on voit le résultat final et si la retouche est pertinente et techniquement bonne, c’est le résultat qui compte pour le spectateur. La photo plait ou pas.
Bonne semaine à toi aussi.
Esther
A propos d’effacer des éléments d’une photo, je le fais aussi très rarement, et encore, ce sont des petites taches ou points qui attirent l’oeil. Tout dépend du type de prise. En photo de rue, il y a forcément parfois des éléments perturbateurs. De plus en plus j’essaie de cadrer un peu large pour pouvoir recadrer par la suite si quelque chose gêne à la périphérie. Et le passage en noir et blanc peut aider. Les poubelles et les sens interdits sont une plaie !! Parfois, il suffit d’attendre une seconde, ou de se déplacer un petit peu pour que le cadrage évite un élément perturbateur… sinon, ben tant pis, la photo passe à la trappe, c’est pas grave. L’alignement des planètes n’est pas toujours au rendez-vous…
Amor
Je fais à peu près la même chose, surtout sur le cadrage. Quand il y a des lignes bancales; avec l’outil Upright de Lightroom qui permet de redresser les perspectives quand c’est nécessaire, c’est assez magique. Tu as raison, il est utile d’élargir un peu pour soit équilibrer soit escamoter.
De toutes façon dans la rue, on rate beaucoup soit de notre faute, soit les circonstances font qu’il y éclipse sur le sujet pour métaphoriser de manière spatiale.
Delphine
Très intéressante question en effet … Dans la plus part des cas personnellement je vois les choses en couleurs systématiquement et il m’arrive à l’occasion de me rendre compte en post-traitement que la photo sera mieux mise en valeur en monochrome
Ça c’est, je vais dire, 99% de ma pratique en numérique. Il m’est arrivé de faire une sortie en choisissant sur mon boitier le N&B et je me suis appliquée à ne faire que des photos qui pourraient avoir de la valeur ajoutée en N&B. C’était un exercice très difficile pour moi qui aime le coloré très vif mais cela m’a permis de mieux repérer les contrastes de luminosité, de formes etc…
Après question argentique j’ai réglé le problème car j’en ai un avec une pellicule couleurs et un autre avec un film N&B et quand je fais une sortie soit je prends les 3 boitiers (+mon appareil numérique), soit je choisis avant de partir !
Amor
Tu est courageuse de partir avec tout ce matériel, 3 boitiers!!
Tes photos étant plutôt tournées vers la couleur tu n’a pas trop de souci. Mais c’est un bon exercice et une bonne idée de se dire je vais faire une série noir et blanc, je pense qu’à cette occasion, on s’oblige à voir les choses de manière différente en s’imaginant toutes les couleurs en gris plus ou moins prononcées.