« Il faudrait peut-être cesser de voir Paris comme un livre d’images » Raymond Depardon, « Paris Journal ».
Dans les étroits passages de Paris, survivants épargnés des percées urbaines, le voyage est sûr et peu dangereux, les lumières adoucissent une ambiance qui pourrait se retourner contre le passant, la nuit tombée, les portes fermées.
Le silence s’installera et les bruits de pas résonneront curieusement.
Le passage peut commencer.
L’espace se rétrécit au fur et à mesure de la progression ; les passagers en transit, égarés, deviennent furtifs, les façades se rapprochent, la déambulation sourde à travers grilles et recoins.
Une autre dimension s’installe, avec cette sensation de ne pouvoir s’extirper de ces dédales infinis.
La progression est lente et de transition en transition la lumière s’amenuise, les couleurs s’évaporent, les trouées verticales se tordent, les virages dessinent des sorties impossibles et des mondes parallèles, où dans d’improbables lieux les choses se répondent et dialoguent dans le silence ; les agencements autrefois familiers prennent une tournure spéciale comme s’ils attendaient notre passage pour nous transmettre un peu de leur histoire. Tronqués, encombrants, inutiles ils revivent un bref instant dans nos esprits pour s’évanouir.
La lumière se refroidit et s’illumine au fur et à mesure d’une progression vers une issue inattendue, une dernière descente pour remonter vers la lumière.
Il y aura bien sur toujours au bout du chemin une possibilité qui s’estompera à chaque fois vers cette sortie fantasmée et inatteignable.
Silhouette marchant d’un pas mécanique vers sa fin, ignorant tout des chemins restant à parcourir ; illusion d’une échappatoire se refermant sur son espoir.
La grande ouverture tant attendue devient la chambre des erreurs et contradictions passées et futures là où devrait renaître la force des certitudes et des convictions.